Discour de Mr. Le recteur lors de l'ouverture de l'année academique

C’était il y a un peu plus de quatre ans que je me tenais devant la même configuration solennelle non sans l’assurance d’une meilleure destinée de l’Université de Kalemie pour délivrer ma première leçon magistrale en qualité de Recteur et Chef d’Etablissement

Cette première leçon avait pour thème, « Le pouvoir de la volonté » ; thème dont le temps n’a fait que révéler le sens de son essence de par sa pertinence.

Ce jour, mon adresse sera subséquemment axée, non plus encore sur « le pouvoir de la volonté » mais plutôt sur « la volonté du pouvoir » et ce, en accord avec la réflexion que jalonnent les grandes philosophies de la volonté et la phénoménologie du pouvoir ; à l’aune des grands philosophes, tels que Paul Ricoeur, Emmanuel Kant, René Descartes, et j’en passe les autres.

D’entrée de jeu, Paul Ricoeur nous renvoie, de bonne foi, à ses analyses sur le volontaire et l’involontaire pour décrire le problème de volonté. Il nous aide à le cerner en trois volets :
– le discours phénoménologique du vouloir à thématiser pour mieux percevoir l’intention ;
– la motivation et l’action – le discours de l’action signifiante qui plus est dialectique et, enfin,
– une ontologie indirecte en forme de discours herméneutique.

Sur ce même chapitre de la volonté, Aristote nous livre sa pensée riche dans son œuvre « Ethique à Nicomaque » ; en discourant, notamment, sur l’analyse du souhait raisonné, le bien et l’activité du bien ; la hiérarchie du bien dont je partage son opinion quand il déclare : « Toute investigation – et pareillement toute action et tout choix – tendent vers le bien. Et là où existent certaines fins distinctes des actions, les œuvres sont, par nature, supérieures aux activités qui les produisent ».

Pour soutenir nos esprits à percer sereinement ces profondeurs philosophiques, ma leçon publique pivotera autour de la volonté du pouvoir qui résulte du pouvoir de la volonté en illustrant, ce faisant : (1) le pouvoir de la volonté, (2) la volonté sans le pouvoir, (3) le pouvoir sans la volonté, (4) la volonté et le pouvoir.

I. LE POUVOIR DE LA VOLONTE

C’est le philosophe allemand – Friedrich Nietzche – qui dit, avant sa mort en 1900 : « J’évalue le pouvoirLa réponse doit s’évaluer à la mesure de notre résistance face aux velléités des désunions qui nous mènent à la régression, notre douleur endurée que nous tournons à notre avantage d’accomplir les bonnes et grandes œuvres.

Qu’on ne se méprenne !
Le pouvoir de la volonté – que nous devons traduire chacun en qu’il est  n’a nullement besoin qu’il lui soit favorable. Au cœur des épreuves mêmes, le pourvoir de la volonté est toujours perceptible.

Aussi sommes-nous sur la même longueur d’ondes avec le scientifique bulgare, Omraam Mikhaïl Aivanhov, qui énonce : « Dans les conditions matérielles idéales, la volonté n’a pas tellement de possibilités pour se manifester. C’est dans les difficultés, dans les privations que l’homme est poussé à faire des efforts, à travailler, à se dépasser ».

Il n’est donc pas exceptionnel de vanter l’action du bien quand il est aisé à l’accomplir. Bien au contraire, c’est en bravant les obstacles que nous devons nous dépasser pour travailler pour le bien de tous et témoigner du pouvoir de notre volonté ; Que dis-je ! Du pouvoir de notre bonne volonté.

Ceci nous offre l’agréable avantage de jouir de la confiance de ce dont nous présidons la destinée sociale ou professionnelle.

C’est donc à point nommé que je salue le pouvoir de la volonté traduit en bonnes œuvres et ayant été manifesté par plusieurs personnalités du Tanganyika, au premier rang desquelles, se trouve S.E. Madame Julie NGUNGWA MWAYUMA – Gouverneur du Tanganyika – qui a fait un don de deux-cent cinquante (250) sacs de ciments à notre Institution. Le Comité de Gestion, que je dirige, a intégralement affecté ce don à la construction des auditoires sur notre second site universitaire de Lukwangulo.

Avec la même profonde gratitude, je salue le pouvoir de la volonté ayant guidé le Représentant du peuple, l’Honorable Cyril KIMP AWEL qui a offert, à l’Université de Kalemie, cinq cents (500) sièges avec écritoires. C’est l’un des dons matériels importants depuis l’existence de cet Etablissement Se préoccuper de l’avenir de la jeunesse – et donc du Pays – c’et s’impliquer dans son encadrement et non dans les discours inféconds qu’on confond à la passion de l’instruction des Jeunes du Tanganyika.

Il y a, en plus, lieu de marteler qu’un grand partenaire privé, la Société Great Lake Ciment, GLC en sigle, vient de se distinguer de l’univers des grandes entreprises publiques et privées évoluant au Tanganyika, par une contribution de huit cents (800) sacs de ciment qui viennent d’être utilisés aux travaux de la dalle de l’imposant bâtiment en construction par l’Université de Kalemie.

C’est cela, le pouvoir de la volonté de travailler au progrès de la société congolaise. Pour paraphraser Emmanuel Joseph Sieyès qui affirme: « Le pouvoir vient d’en-haut et la confiance vient d’en bas ». Certes, le pouvoir émane des hautes sphères dirigeantes mais la confiance qui veille à sa maintenance, vient d’en bas, du peuple dont nous formons l’élite.

II. LA VOLONTE SANS LE POUVOIR

Il serait injuste de ne pas saluer tous ceux et toutes celles qui n’ont que la volonté mais n’ont pas le pouvoir ou pensent ne pas avoir le pouvoir de participer à l’émergence de cette entreprise savante commune qu’est l’Université de Kalemie ; la lumière du Tanganyika. En effet, c’est à tort qu’ils se l’imaginent car le pouvoir le plus décisif d’une action positive se trouve dans la volonté elle-même.

Vigile n’a t-il pas raison de nous convaincre dans œuvre, Enéide : « On peut parce qu’on croit pouvoir ».
Faute de pouvoir faire le bien pour la formation de la jeunesse estudiantine – ici je m’adresse même à notre Personnel enseignant – croyez, tout au moins, que vous pouvez car, dit-on, « Qui veut vaincre est déjà bien près de la victoire ». Je citerai Vince Lombardi qui nous interpelle, tous, en ces termes: « La différence entre une personne qui réussit et une autre qui ne réussit pas, n’est pas due à un manque de connaissances mais plutôt à un manque de volonté ». Mon propos aiguillonne donc la volonté dormante de tous les enfants du Tanganyika qui restent en marge au motif qu’ils n’ont pas le pouvoir de soutenir les Etudiants et les Agents de l’Université de Kalemie.

III. LE POUVOIR SANS LA VOLONTE 

Comment oublierai-je les nombreux appels lancés à toute la Notabilité nationale et provinciale ayant deJe leur lance, à nouveau, un appel à la communion d’efforts en même temps que je leur demande, d’abandonner leurs projets de diversion, leur attitude d’indifférence collective ; quand il faut encore tout faire pour bâtir, ensemble, une véritable grande Université publique au Tanganyika.

Le pouvoir sans la volonté a malheureusement caractérisé plusieurs dignitaires du Tanganyika qui feignent d’ignorer les innombrables peines auxquelles la gestion de cette Université demeure confrontée. Autant l’essor de cet Alma mater ne sera jamais l’œuvre d’un seul individu, Recteur-Bâtisseur soit-il, autant les défis doivent être collégialement affrontés.
Il y a ceux qui ont le pouvoir de faire doter nos Cliniques universitaires d’un bâtiment conforme et d’un laboratoire biomédical afin de viabiliser davantage la Faculté de médecine de l’Université de Kalemie ; Il y en a d’autres qui peuvent faire mécaniser notre personnel, de soutenir nos doctorants pour leurs études doctorales ; D’autres encore ont le pouvoir de pourvoir au besoin en équipements informatiques de cette Alma mater.
Certains ont eu le pouvoir, d’autres l’ont encore, mais se butent simplement au manque de volonté comme le martèle René Descartes : « La volonté est tellement libre de sa nature qu’elle ne peut jamais être contrainte »
Non, Non, et Non !
Je ne veux – et je ne vais – contraindre aucune volonté à faire du bien pour cette première et grande Université de la Province du Tanganyika.
Je n’ai ni le temps, ni le pouvoir de contrainte sur la volonté des personnalités du Tanganyika, puisque je crois – comme René Descartes – que leur volonté est libre.
Leur liberté, je la respecte selon le conseil du philosophe Emmanuel Kant qui souligne: « La liberté dans le sens pratique est l’indépendance de la volonté par rapport aux contraintes des penchants de la sensibilité ».

A tous ceux qui ne sont ni chauds ni froids, Jean Jacques Rousseau leur rappelle que c’est une faiblesse. « C’est la seule tiédeur de notre volonté qui fait notre faiblesse » peuvent-ils le retenir

IV. LA VOLONTE ET LE POUVOIR

Nikias Annas affirme : « La force de la volonté est la conscience en action ». Louis Dumur réaffirme : « La volonté n’a d’action sur les passions que si elle est une passion elle-même ».
Et Guimps confirme : « La volonté – comme les autres facultés – se développe par l’exercice et s’affaiblit par l’inaction ».
Même Nicolas Machiavel n’infirme pas, en disant : « Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent ».
La volonté a été – et est encore – la force indomptable de notre vision de bâtirl’Université de Kalemie.
Sans prétention aucune de faire fausse modestie, notre vision a été déclinée en un plan stratégique ambitieux de gestion dont la planification, l’exécution – et aujourd’hui – l’évaluation progressive donnent lieu aux prouesses qui ne méritent que d’être saluées.
Sur le plan d’infrastructures et d’équipements
– Le Comité de Gestion construit, à ce jour, des auditoires et des installations sanitaires sur le site de Lukwangulo. Mais cette action n’a été possible qu’avec la volonté louable de Son Excellence Madame Julie NGUNGWA MWAYUMA, Gouverneur du Tanganyika, qui a mené une guerre sans merci aux spoliateurs de cette concession universitaire.
L’implication totale des tous les membres du Conseil provincial de sécurité et du Bureau de l’Assemblée provinciale ont été tout aussi décisive.
– Sur le même plan d’infrastructures, le Comité de gestion reste déterminé de parachever la construction, sur fonds propres, de cet immense bâtiment de 60 mètres de longueur et 20 m de largueur qui est, reconnaissons-le, le premier  grand bâtiment public du Tanganyika en construction sur fonds propres.
Je remercie, vivement, tous les Etudiants et leurs parents, ici présents, car ce sont vos frais académiques qui constituent nos seules ressources budgétaires autant pour le fonctionnement que pour l’investissement.
– Pour l’année académique 2022-2023, le Comité de gestion a équipé aussi, sur fonds propres, tous les bâtiments – par lui construits – et inaugurés l’année dernière.
Il s’agit des centaines des bancs pour tous les auditoires, la bibliothèque centrale et les meubles du Laboratoire informatique.
Ceci prouve la volonté et le pouvoir.
Dans mon discours de clôture de l’année académique passée, j’avais promis de m’occuper des conditions socioprofessionnelles des agents de l’Université de Kalemie à travers la mécanisation.
– Cette promesse a été tenue car, avec les agents qui seront mécanisés au quatrième trimestre de cette année 2023, l’Université de Kalemie comptera plus de deux cents (200 » agents avec numéros matricules et payés par l’Etat congolais. Il y a quatre ans, ils étaient seulement quarante-deux (42).
– Ma détermination à promouvoir le personnel administratif et scientifique de l’Université de Kalemie ne faiblira nullement. Pour preuve, j’ai présenté et défendu plusieurs dossiers au Conseil d’administration des Universités ; jusqu’à obtenir la nomination de plusieurs professeurs propres à l’Université de Kalemie.
Il y en a déjà cinq (5), à ce jour, en plus du sixième qui est encore docteur – Monsieur NKALA DUBEDUBE Godé – qui vient de soutenir brillamment sa thèse de doctorat à l’Université de Kinshasa.
– Sur cette même lancée, je tiens à féliciter aussi en passant, mon collaborateur et Administrateur du Budget, Jean KILONGOZI SI UMBA – le Patriote – qui a fini sa thèse de doctorat à l’Université de Lubumbashi et dont la soutenance publique aura lieu incessamment.
A ce rythme, ma volonté ferme de laisser, après moi, une grande Université avec ses propres professeurs se réalise de jour en jour. 

Au nombre d’actions prioritaires de ma gestion figure, depuis deux (2) ans, le rayonnement régional et international de l’Université de Kalemie. Sur ce volet importantissime de la coopération universitaire, le meilleur est à venir.
– J’ai été l’unique Recteur congolais invité au Deuxième Sommet Russie-Afrique organisé à Saint Petersburg en Russie.
En marge de ce grand rendez-vous multilatéral, j’ai gagné et signé plusieurs partenariats avec l’Académie Présidentiel russe pour l’Economie et l’Administration et l’Institut d’Etat Alexandre Pouschkine

Grâce à ces partenariats, plusieurs Assistants et Etudiants de l’Université de Kalemie iront parfaire leurs études en Russie.
C’est à ce titre que je suis encore invité, avant la fin de même mois d’octobre, pour aller formaliser ces différents accords avec le soutien de son Excellence MUHINDO NZANGI BUTONDO, Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire – qui travaille conformément à la vision du Chef de l’Etat, le Docteur Honoris Causa – Son Excellence Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO – Président de la République démocratique du Congo et Grand Chancelier des Universités.
– N’eut-été les urgences de gestion qui m’ont fait revenir à Kalemie, j’étais invité et attendu au Brésil, le mois passé, pour signer un autre partenariat avec l’Université Brésilienne UNIVALI. Cette mission est reportée à début Novembre prochain. Ce partenariat avec l’UNIVALI prévoit les études universitaires gratuites pour les diplômés d’Etat du Tanganyika qui y seront recommandés par l’Université de Kalemie.
Ceci n’est ni plus, ni moins, la volonté de pouvoir et le pouvoir de la volonté.
– Toujours en 2023, j’ai formalisé le partenariat avec l’Université du Burundi qui va accueillir, désormais, nos Etudiants en Médecine, pour leur stage de 18 mois au sein des meilleurs hôpitaux burundais connus par la plupart d’entre vous.
Cette initiative viabilise notre Faculté de Médecine – qui est toujours ouverte car elle jouit d’une mesure d’exception due à l’attention particulière du patriote volontariste MUHINDO NZANGI qui venait de m’autoriser, officiellement, d’engager plusieurs médecins spécialistes qui seront payés correctement.
Tous ces succès ne valent rien sans un lendemain rassurant qui implique la bonne continuité dans l’unité du Personnel, des Notables et des Etudiants.
Mon temps à la tête de cette université devient à compter ; étant donné que j’ai fait ma part en moins de cinq (5) ans.
Pour le temps qui me reste, je vais remuer ciel et terre pour consolider cette unité qui, seule, sauvera l’ascension de l’Université de Kalemie et, par ricochet, l’éducation dans le Tanganyika.
Le progrès que nous attendons, tous, au Congo dépend de l’éducation ; et l’éducation ne peut prospérer dans la division.

Je finis donc mon allocution avec la pensée de John Kennedy qui disait : « Nos progrès,
en tant que Nation, dépendront de nos progrès en matière d’éducation. L’esprit humain
est notre ressource fondamentale
».
Pleins succès à tous les lauréats de l’Université de Kalemie.
Je vous remercie.